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De la linguistique de la langue à la linguistique du discours, et retour 7
 

saisir ce que signifie le mot « œil » chez Baudelaire ; un contexte paratextuel constitué de textes ou fragments de textes se trouvant en coprésence dans un même espace scriptural (les titres, sous-titres, chapeaux, légendes d’une page de journal) ; un contexte hypertextuel[1], constitué de textes qui se citent, se renvoient les uns aux autres, se reprennent et se transforment, comme sont les pastiches et parodies ; un contexte intertextuel (ou interdiscursif), constitué de textes et discours qui circulent dans l’espace social, et qui sont convoqués par le sujet récepteur pour justifier ses interprétations.

À ces différents types de contexte, il faut ajouter un contexte qui tient également compte d’un «  hors-texte  » (parfois appelé cotexte), c’est-à-dire des données présentes dans les conditions de production de l’acte de langage : le contexte situationnel[2]. Il s’agit, ici, de la situation de communication qui nous oblige (que l’on soit en position d’interlocuteur, de lecteur ou même d’analyste) à nous interroger sur l’identité de celui qui parle (un sportif, un travailleur), sur la finalité de l’échange (informer) qui détermine l’enjeu de signification de l’échange langagier, sur le dispositif et les circonstances matérielles (conversation) de celui-ci. Cet ensemble de composantes constitue les conditions de production du discours.

5. Les trois dimensions de l’acte de langage

Cette observation conduit à avancer que l’activité langagière des êtres parlants s’appuie à la fois sur une mémoire linguistique (l’organisation des systèmes), une mémoire interdiscursive (les savoirs supposément partagés) et une mémoire situationnelle (les conditions psychologiques et sociologiques de l’acte de communication). Des mouvements centripète et centrifuge, à l’articulation desquels se construit le sens qui consiste pour les sujets à parler du monde à travers leur relation à l’autre. Aussi peut-on dire que l’acte de langage comprend trois dimensions :

  1. une dimension topicalisante où se construisent les savoirs sur le monde : savoirs de connaissance et savoirs de croyance qui constituent les «  imaginaires sociaux  » qui caractérisent une ­société. C’est-à-dire la façon dont les individus vivant en société se représentent le monde et jugent les comportements humains, organisant ces savoirs en doctrines, idéologies ou tout simplement opinions plus ou moins stéréotypées. C’est ce phénomène de circulation et d’entrecroisement des paroles qui s’échangent
  1. Les contextes paratextuel, métatextuel et hypertextuel sont les propositions de Genette (1982).
  2. Parfois appelé « contexte communicationnel ».